J'ai vu un reve

Une recherche croisée se recoupe au coeur du lien amoureux. La solitude et l'intime s'arriment dans l'espace du monde et du temps. Un rapprochement s'opère dans le décalage de la correspondance. Dans le processus de l'écriture, les mots viennent faire tampon. Les mots passent par la latence, l'écriture brute repose sur un support réel, la lettre... L'absence vient entrouvrir un espace où la relation profonde s'ignore. Mélina et Jonathan ne viennent pas du même milieu. Leurs expériences inondent des feuilles de papier remplies d'eux. Des figures, leurs avatars viennent se détacher d'eux et s'inscrire dans un ailleurs immatériel. Ce monde échappe à l'écriture. Nous sommes pris au coeur de l'échange et des projections. Deux films sont projetés, les toiles sont dépeintes tout au long de leur lien... Ce livre supporte les rouages de deux textes, leurs mécanismes articulés et la musique orchestrée au delà; Les deux écritures génèrent une trame invisible constituant l'épaisseur de la rencontre. Chaque lettre est une pierre posée en rond, de plus en plus haut afin de contenir un feu où l'illusion se consume. Les doutes s'accumulent et intercalent de nouveaux passages. Il y a un ailleurs omniprésent et insondable, des abysses vertigineuses mais surtout la tentative de sortir de l'écrou, de dépasser. Un drap invisible et chaud les retient dans l'existence. Les corps s'appuient sur le texte et sont révélés à travers le rythme et le grain de l'échange. La correspondance met à nu le passage entre intime et extime, présence et absence ou solitude et renvoi. Le texte est un corps vivant, l'auteur ne fait que proposer des ponts, des passages insensés pour sortir de son propre espace clos. Les lettres sont comme des vagues qui nous emmène en pleine mer. C'est à partir de ce voyage que les textes ne sont plus seulement intimes mais demandent à être étirés vers d'autres corps. chaque lettre est un fragment coupé. Un brin d'ADN du temps qui se tresse dans le présent d'un autre. A travers leurs deux échanges manuscrits, naît un troisième texte inexistant. L'enveloppe qui le contient et le transporte est ce livre. Le corps du troisième texte est facultatif, il est là pour supporter les ratures et les manquements. La blancheur du temps et l'interespace dans lequel tout se croise, élimine le risque du regard. C'est l'absence qui supporte l'enssemble... Le corps sexualisé n'est plus porté par le livre, il est tout entier soutenu par l'échange. L'incertitude de cet espace virtuel invisible, de cette musique envolée relance la jubilation mais n'engloutie personne.